Le Bon Plan : Comment tourner deux plans en un

Chaque semaine, Le Bon Plan décrypte en vidéo les bonnes idées de cinéma. Dans cet épisode, nous allons nous pencher sur un procédé, très rare, utilisé pour inventer des gros plans là où il n'y en a pas. Explications en images sur la première adaptation du Facteur sonne toujours deux fois, réalisée en 1946 par Tay Garnett.

Commençons par un petit rappel technique. Lorsqu'un réalisateur veut, pour intensifier une scène et rythmer le montage, passer d'un plan large à un gros plan, la manière la plus classique est de filmer deux fois la scène, une fois dans un plan large incluant plusieurs personnages, une autre fois en plan plus rapproché, comme ici. Entre les deux images, la position de la main qui tient le cigare est différente et la chaise a légèrement changé de position. Tout cela nous confirme bien que l'on a affaire à deux prises distinctes, filmées à deux moments différents.

Penchons-nous maintenant sur une autre scène du même film. Vous n'avez rien remarqué ? Regardez mieux. En termes de mouvements, de cadre, et d'expressions des comédiens, ce raccord semble trop parfait. Et pour cause : le gros plan n'est pas issu d'une deuxième prise, mais d'un agrandissement de la première ! Il est plus flou, et présente un grain de pellicule bien supérieur : c'est cela qui trahit le procédé.

D'ailleurs il nous suffit d'effectuer la même opération que le réalisateur sur le premier plan pour trouver le deuxième... Un zoom, un peu de grain ; et le tour est joué.

Tay Garnett a utilisé une astucieuse manipulation pour pallier un manque de prises de vue au tournage, en créant un raccord dans l'axe artificiel.

Vous avez compris ? Alors je vous laisse regarder les trois scènes suivantes, et distinguer les faux raccords des vrais, c'est-à-dire les artificiels des classiques.

J'attends vos réponses, avec une surprise pour le premier sans-faute que je recevrai !