Chic Tabac

Star Wars 1977

Par | Le 12 décembre 2017 à 17h26

Qui a dit que Télérama n’aimait jamais les films populaires ? Lors de la sortie française de ce qui s’appelait alors “La Guerre des étoiles”, en octobre 1977, Gilbert Salachas porte un regard amusé et plutôt bienveillant sur le film de George Lucas, ignorant que ce serait le prélude à une grande saga... Nous retranscrivons ici sa critique de l'époque.

Western Sidéral 

Loin dans l'espace et dans le temps, il était une fois (ou il sera, ou il serait) un empire galactique organisé et hiérarchisé comme la plus monstrueuse des dictatures à visage inhumain. L'immonde et invincible Darth Vader, prince des ténèbres, règne sur cet univers de cauchemar grâce aux armes totales rassemblées dans une planète artificielle théoriquement imprenable : « L'Etoile de la mort ».

Avec la témérité des âmes pures, la jeune princesse Leia ose tenter un acte de rébellion : elle s'empare des plans de la citadelle volante et les confie, avant d'être arrêtée par les forces de l'Ordre Impérial, à ses seuls alliés insoupçonnables : les robots R2 D2 et C3 PO.

Tels Don Quichotte et Sancho Pança (ou Laurel et Hardy), ces deux fringantes machines vont s'efforcer de porter le message à son destinataire, un certain Ben Kenobi, vieil ermite très sage et très savant qui a connu l'ère pacifique d'avant le totalitarisme.

C'est une très longue succession d'aventures et tribulations que vont connaître les héros et anti-héros de cette odyssée spatiale. On y rencontre des tas d'engins super-sophistiqués et une variété d'êtres vivants qui semblent issus de croisements fabuleux. Imaginez un bestiaire médiéval recyclé sur l'Ile du docteur Moreau via la planète des singes. Frankenstein est grand et Kafka est son cousin !

Ce qui fait le charme de La Guerre des étoiles, c'est l'accumulation, la profusion, la surenchère. Sans complexe ni vergogne, les auteurs de ce conte ahurissant ont puisé dans le fonds communs des légendes antiques, des classiques de la bande dessinée, du patrimoine de la littérature d'anticipation et du cinéma fantastique. Ce super-western sidéral accueille sans discrimination les vieux samouraïs de la vieille, investis d'énergie spirituelle, et les derniers nés de la robotique. L'éternel combat entre les bons et les méchants se déroule à grand fracas sur le territoire de Disneyland, surmultiplié aux dimensions du cosmos.

On peut sourire de tant de naïveté. On peut, inversement, dénoncer l'habileté d'un « système » fondé sur la récupération d'éléments dramatiques, techniques, exotiques et mythologiques qui ont fait leurs preuves. Seulement voilà : il y a le spectacle, un spectacle captivant, saturé d'effets spéciaux, riches en action et en trouvailles écrasé de musique symphonique. Il y a aussi le plaisir d'humour. En particulier, l'amitié ombrageuse entre deux robots surdoués qui vont leur chemin, cahin-caha, humains, trop humains, espiègles et adorables.

De surcroît, La Guerre des étoiles est une allégorie goguenarde, simpliste, mais voulue telle sur les grands principes et les grands sentiments manichéens qui gouvernent le monde. On n'y croit pas, mais c'est tellement agréable de faire semblant.

 

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